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L’appréciation des expériences entre juin et juillet 2012 est faite entre le directeur de l'école primaire Kayar 1, M. Ndiaye, et le coordinateur, Aliou Sall, en occasion de deux missions effectuées dans le courant de juillet. M. Ndiaye est aussi l’un des enseignants participant activement aux activités pilotes. Des échanges entre le directeur de l’école et le coordonnateur, sont sortis les points saillants suivants, à savoir :

Au niveau de l'approche et de la stratégie choisie

On note une particularité au niveau de l’école Kayar 1 en ce qui concerne la démarche adoptée pour la mise en œuvre des activités pilotes.

 

Alors que dans les autres écoles - tant en Gambie qu’au Sénégal – seules les deux classes expérimentales de chaque école partie prenante sont engagées pleinement dans les exercices, pour l’école primaire Kayar 1, le directeur de l’école, en collaboration avec son staff et les parents d’élèves, a pris l’initiative d’élargir le projet AEP-Nansen à tous les niveaux, à savoir du CI au CM2. Donc les exercices ayant eu lieu (dont certains prévus jusque vers le 4 août 2012) ont concerné tous ces niveaux. Cinq enseignants supplémentaires, en plus du directeur M. NDIAYE, on été impliqués. Chacun des 5 messages clé a été assigné à un enseignant. Les cinq autres enseignants sont M. Samba BA (pour l’Intégrité de l’écosystème), M. Aliou FALL (Amélioration de la recherche), M. Saliou SOW (approche de précaution), M. Samba FAYE (Elargir la participation) et Mme. Moussou DEMBÉLÉ (Approche multisectorielle). On notera au passage que le directeur de l’école, en même temps un des deux enseignants de l’école impliqués dans le projet, a une longue expérience avec les programmes (d’ONGs internationales et d’institutions publiques) portant sur la sensibilisation sur les questions environnementales.

La mobilisation sociale est considérée par l’École 1 de Kayar comme un préalable pour la réussite du projet. En effet, de l’avis du directeur, la réussite connue par la phase pilote est à mettre à l’actif de l’adhésion des acteurs sociaux à chaque fois qu’ils sont sollicités. La mobilisation de ces acteurs sociaux - en dehors des cadres et agents de l’administration des pêches sur place - doit sa réussite à l'approche adoptée par l’équipe pédagogique. Elle a défini trois vecteurs–cibles, censés non seulement s’approprier le projet, mais aussi en être les relais d’opinion au sein de la communauté. Pour y arriver, l’équipe pédagogique s’est appuyée sur trois groupes qu’elle dénomme les trois audiences, à savoir : (i) ceux qui n’ont aucune idée sur le concept de l’environnement et sa réalité, encore moins de façon ciblée sur l’AEP et les écosystèmes marins ; (ii) ceux qui sont relativement avisés ; et enfin (iii) l’audience constituée des chefs coutumiers et des délégués de quartiers qui ont un rôle important joué traditionnellement au niveau de médiations sociales.

Concernant les activités proprement dites et les acquis

a. Les exercices en classe

Chaque classe est sub-divisée en 5 groupes de travail pour les besoins des exercices. Cette approche est maintenue même pour les observations extérieures. Les exercices ont porté sur les 5 « principes clé » dans les cours suivants :

Dessin : Quelques pièces de dessins au crayon, appelées « dessin argumentatif », ont été réalisées, avec une grande priorité accordée au principe clé « Intégrité de l’écosystème ». Le message sur lequel les élèves ont travaillé est le suivant : « Détruire la mer, c’est commettre un génocide écologique ».

Français : Pendant le crédit horaire accordé au français, les élèves ont réalisé des poèmes sur les 5 principes clé, dans la partie de ce cours dénommée « expression écrite » ; la perspective étant de faire un recueil de ces poèmes, une fois qu’un nombre suffisant seraient sélectionné.

Arts scéniques : Plusieurs castings sont en encore en cours. Cependant, l’école a produit un sketch qui s’est inspiré des deux affiches fournies par le projet (poster du projet AEP-Nansen et poster sur l’écosystème sénégambien). Pour mémoire : La partie sénégalaise n’avait pas le guideline complet et l’affiche AEP-Nansen à temps pour l'atelier de démarrage. Mais dès que ces éléments étaient disponibles – notamment en anglais pour la Gambie - le coordonnateur du projet a pris l’initiative d’aider les enseignants sénégalais à s’approprier de ces éléments basiques et importants de la valise pour combler le gap entre les deux pays. Il s’est mobilisé auprès de toutes les écoles en organisant des sessions de mise à niveau pendant le mois d'avril. Aussi, il s’est appuyé sur les deux enseignants des deux CEM (messieurs DIOP basé à Kayar et SARR à Hann, qui ont un bon niveau en anglais et qui ont continué à donner un appui à la demande des autres enseignants).

Le sketch était tant intéressant qu’une chaîne locale de TV communautaire, appelée la chaîne 8 de Kayar, l’a filmé (copie de ce sketch sera négociée auprès du réalisateur pour les besoins du rapport). En plus de ce sketch, les élèves en ont produit un autre dont le casting porte sur trois séquences : (i) Qu’est–ce que c'est l’environnement marin ?; (ii) Quelle est la différence entre un environnement sain et un environnement malade ?; (iii) Quelles nouvelles approche et vison à l’égard de l’environnement ?

Faute de moyens audio-visuels appropriés, les élèves ont pris quelques passages avec les téléphones mobiles disponibles, mais qui ont des limites tant au niveau des capacités de stockage qu’au niveau de la qualité des images. Le directeur de l’école a promis au coordonateur, lors de la dernière visite de ce dernier sur le site, de récupérer le maximum d’images auprès des élèves, en vue d’un montage pour une meilleure valorisation de leur travail.

Hearing / audition : L’une des plus intéressantes initiatives innovantes entreprises lors des activités pilotes était l’organisation d’une audition au sein de l’école pour laquelle, l’équipe pédagogique a invité quelques pêcheurs de la communauté de Kayar reconnus pour leur solide maîtrise des principales vicissitudes connues par l’environnement marin au cours des dernières années. Agés de 55 à 60 ans, ces pêcheurs étaient venus faire des témoignages auprès des jeunes sur la dégradation rapide des écosystèmes, qu’ils ont pu observer à travers les années. Entrés très jeunes dans la pêche (à partir de 12 ans, voire moins dans certaines familles, à 15 ans au plus tard) leur riche expérience cumulée au fil du temps leur a permis de donner un tableau comparatif de la situation des années 1970 à nos jours. En plus de la dégradation des ressources marines en général, ils se sont appesantis en partie sur certaines espèces emblématiques qui, soit sont devenues rares, soit ont complètement disparu. Cette sorte de conférence a été une première opportunité donnée à des personnes d’un certain âge à parler à leurs petits enfants (des photos prises avec les moyens de bord vont être récupérées pour les besoins du rapport).

 

Ce fut une opportunité offerte pour l’éveil d’une mémoire collective au profit d’une sensibilisation de la jeune génération. M. Ndiaye explique le contexte dans lequel évolue le travail de l'école : « S’il est vrai que l’éducation environnementale est encouragée et décidée par les autorités publiques, nous n’avons pas de programme défini de manière précise et formelle. Nous avons un réceptacle favorable et nous devons créer ce programme sur la base de notre propre initiative et en fonction des outils que nous trouvons. Pour cette raison, les outils mis à notre disposition par le projet AEP-NANSEN vient à son heure et constitue une importante plus value pour nous. Actuellement, comme école pilote bénéficiant aussi du projet pilote mis en œuvre par la République de Corée (projet Sankoré), je n’ai aucun problème dans la mesure où j’intègre au fur et à mesure les outils fournis par le projet NANSEN dans mon logiciel fourni par le projet».

Concernant l’approche méthodologie relative aux exercices, voilà le processus utilisé :

  1. Observations extérieures par les élèves, après préparation du terrain par les enseignants ; cette phase de première immersion est la première occasion donnée à l’élève encore jeune pour se poser des questions et commencer à se faire des hypothèses ;

  2. De retour en classe, le maître l’aide à formuler sa pensée, car il a encore des limites ;

  3. Vient après la phase de classement, phase à travers laquelle, on l’aide à structurer et à analyser sa pensée.

Ce qui revient à d’autres termes au processus suivant : Faire une expérience, classement des idées, théorisation, synthèse et évaluation, qui doit déboucher sur la proposition de solutions. Donc, il s’agit au finish – pour chaque problème ou enjeu posé – d'aider les élèves à identifier le problème, d’en définir les causes et enfin de proposer des solutions. Selon M. Ndiaye, ce processus doit être visible à travers les exercices, que ce soit des dessins, des sketchs, des textes commentés ou autres. Ce sont des réalisations de la part des élèves, qui peuvent oui ou non attester de leur parfaite appropriation des principes clé et des messages, qui en découlent.

b. Les observations extérieures

Concernant les exercices en dehors des classes, les principaux points forts à retenir sont comme suit :

Phase de préparation : Les enseignants préparent le terrain en faisant les contacts nécessaires auprès des acteurs à visiter. Les posters sont des outils très utiles pour la préparation des observations, qui se font dans le crédit horaire intitulé « sortie pédagogique ».

Outils : Les outils de collecte de données sont de diverses formes :la règle de poisson, le questionnaire pour les enquêtes, interviews et enregistreur. Dans des cas, pour la prise de vue, recours aux services payés d’un photographe local ou d’un vidéaste.

Profils des acteurs rencontrés : Equipe de gestion de l’Aire marine protégée (AMP) de Kayar, agents du Service départemental des pêches de Kayar, Association de pêcheurs et de mareyeurs actifs, Pencs ou abris de rencontre des vieux pêcheurs à la retraite.

Contraintes rencontrées et perspectives en vue d'une amélioration des acquis

 

Avec toutes les perspectives accordées par l’introduction de l’AEP dans le curriculum, l’équipe de Kayar 1 a identifié de contraintes de plusieurs ordres, qui ont retardé la mise en œuvre de la phase pilote, tel qu’elle l’aurait souhaité, à savoir :

Plan administratif et sociopolitique : Le Sénégal vient de sortir d’une paralysie du système scolaire, qui a duré presque 7 mois. C'est pourquoi il n’y aura pas de vacances scolaires pour les élèves et enseignants du secondaire. Cette crise n’a pas épargné le cycle primaire. Les exercices planifiés ont été limités pour sauver l’année, car il a fallu faire des cours de rattrapage pour les élèves. Il n'a avait donc pas assez de temps pour exécuter tout le planning de la première phase.

Moyens logistiques : L’initiative de la coopération sénégalo-coréenne va permettre une exploitation plus efficace des outils et supports (audio, écrits mis à disposition par le projet AEP-NANSEN). Cependant, les enseignants restent convaincus qu’ils doivent œuvrer – quitte à s’approcher de la coopération coréenne ou d’autres acteurs de la coopération – pour s’équiper en appareil numérique efficace, à défaut d’une vidéo-caméra qui permettra de documenter à temps toutes les expériences en cours. Ils ont sérieusement regretté de n'en disposer pas jusqu'ici. Ils ont, sous ce registre, soulevé aussi l’impératif à aménager un coin de leur bibliothèque, où devrait être disponible une documentation (y compris les supports virtuels) consacrée à la thématique des écosystèmes marins et des initiatives en cours pour la restaurer, telle le projet AEP-NANSEN.

En outre, soucieux d’assurer un retour au profit des élèves et surtout dans le but de leur montrer qu’ils ont fait un travail utile, les enseignants entendent valoriser le travail de ces jeunes. Ils menant les activités suivantes : (i) Recueil des meilleurs dessins argumentatifs réalisés au cours de l’année et organisation d’un concours inter-classes. Les dessins retenus seront recueillis dans un document comme document de base de la bibliothèque ; (ii) Recueil des meilleurs poèmes pour la bibliothèque ; (iii) Mise en place progressive d’une galerie, qui serait alimentée par les photos prises lors des exercices. L’objectif est de constituer progressivement une base de données et de supports, qui pourraient faire l’objet d’une exposition itinérante à travers d’autres écoles. Ils pourraient être exposés lors d’évènements majeurs, telle que la Journée mondiale des océans, le 8 juin de chaque année.