Index de l'article

Au cours de sa dernière mission de surveillance en Gambie, le coordonnateur a rencontré M. Jallow, inspecteur des écoles gambiennes en charge du suivi des activités pilotes. Aliou Sall a voulu recueillir l'évaluation de M. Jallow sur la façon dont les écoles participantes ont réalisé les exercices jusqu'à présent, maintenant que l'année scolaire est sur le point d'être terminée, à la troisième semaine de Juillet. Les appréciations de M. Jallow ont été enregistrées à travers l'interview ci-dessous.

MM-Q: Monsieur Jallow, depuis le début des tests sur la valise pédagogique dans le cadre du Projet FAO - AEP-Nansen, donc depuis le premier séminaire du 28 et 29 avril 2012, vous suivez de près la mise en œuvre. Après le deuxième atelier, qui s'est tenu à l'École Serrekunda pour la validation des différents outils fournis par le projet, je reviens en Gambie en vue de recueillir des commentaires supplémentaires concernant la mise en œuvre de la phase pilote. J'ai déjà conversé avec les enseignants des écoles concernées. Maintenant, étant donné votre rôle d'inspecteur chargé de la surveillance du processus, je voudrais avoir votre point de vue sur la signification et la réalisation de l'initiative.

 

R: Le projet nous a apporté, de manière générale, une valeur ajoutée importante pour le programme, et en particulier pour le sujet des ESE [= études sociales et environnementales]. En fait, comme beaucoup de nos élèves viennent de communautés de pêcheurs (si l'on tient compte de ceux de Gunjur et Tanji), nous sommes censés être concernés par les questions liées aux ressources marines et côtières. Les questions liées aux ressources marines et côtières devraient être ciblées dans le cadre des cours tels que les ESE et les sciences. En fait, les ESE possèdent un noyau central. Sur la base de cette première appréciation, nous pouvons dire que le projet arrive à point nommé. Les enseignants, et donc les élèves, consomment du poisson sur une base quotidienne, mais n'étaient pas au courant des questions relatives à l'écosystème marin actuel. Ceci est remarquable, en particulier pour ceux qui viennent de Gunjur et Tanji, où la pêche et l'agriculture sont à la base des moyens de subsistance. Moi-même, étant Gambien, je mange du poisson tous les jours, mais je n'ai fait attention ni à la variété des espèces, ni à leurs différents noms. Quelque chose que nous trouvons très étonnant, c'est que, avant de commencer ce projet, la grande majorité des enseignants et des élèves de Gunjur et de Tanji n'avaient jamais été sur les sites de débarquement dans le but de mesurer les poissons et d'interagir avec les agents du Département des pêches et avec les scientifiques.

MM-Q: Dans ce cas, vous avez eu l'occasion d'assister à plusieurs exercices dans le cadre de vos missions de contrôle, comment avez-vous apprécié l'engagement des enseignants?

R: Étant donné que le projet nous apporte un concept et des outils sur les questions qui nous préoccupent - dans le cadre des communautés de pêche et/ou en tant que consommateurs - vous pouvez dès lors comprendre pourquoi les enseignants, les élèves et même le ministère de l'Éducation est enthousiaste d'accueillir ce projet. Ce n'était pas un problème pour le mettre en œuvre en Gambie, en raison de l'existence des ESE, dans le cadre de notre programme scolaire. C'est vraiment une valeur ajoutée importante pour nous d'appliquer le concept d'écosystèmes marins dans les ESE. Je suis vraiment impressionné par la façon dont les élèves se sont tous engagés au cours des exercices en classe ainsi que lors des observations extérieures. Si nous avions les moyens nécessaires, tous les élèves aimeraient participer dans les visites pédagogiques à l'extérieur. Mais c'est déjà un bon début d'avoir quelques groupes impliqués dans le processus. J'espère qu'à terme, le projet sera élargi à d'autres groupes. Les groupes que j'ai vus à certaines séances de travail sont impressionnants par leur dynamisme. Le ministère de l'Éducation se félicite de l'initiative parce que le gouvernement gambien a donné la priorité aux questions environnementales dans leur programme d'études.

 

MM-Q: En tant qu'agent d'exécution pour le Projet FAO-AEP-Nansen, dans ce contexte, Mundus maris est honoré d'apprendre que ce projet présente un intérêt pour le programme d'éducation gambien. Mais au-delà de ces réalisations intéressantes, peut-on savoir quelles limites et contraintes avez-vous identifiés dans la mise en œuvre de cette phase, de votre point de vue à titre d'inspecteur en charge de la surveillance pour le compte du Département de l'éducation, et quelles sont les perspectives pour l'avenir?

R: Les principales contraintes que j'ai remarqué et que nous devons surmonter, si nous voulons atteindre les résultats escomptés, sont de trois types.

Tout d'abord, il restait peu de temps disponible pour finaliser les tests avant la fin de l'année scolaire. En même temps, les enseignants ont dû prendre des dispositions avec leur horaire déjà chargé, notamment avec les examens, qui ont lieu entre la première et la troisième semaine de Juillet. Il était donc difficile pour eux d'y incorporer le projet, mais je me rends compte qu'ils ont fait du bon travail, en dépit des contraintes de temps.

Deuxièmement, de nombreux exercices n'ont pas été pleinement documentés, en raison du manque d'équipements audio-visuels au bon moment. Je suis sûr que si tous les enseignants étaient équipés (au moins) d'appareils photo numériques, les organisateurs du Projet FAO-AEP Nansen pourraient apprécier d'avantage les efforts fournis entre juin et juillet, après la phase de test initiale. J'espère qu'à l'avenir, et dès l'année scolaire prochaine, nous réussirons à obtenir certains équipements, au moins un appareil photo numérique par école et par inspecteur, dans la mesure où les activités doivent être imaginés comme un processus à long terme. En fait, les principes AEP-Nansen doivent être intégrés et mis en pratique à tout jamais dans le curriculum.

Le troisième type de contrainte est liée à la mobilité, qui n'est pas toujours évidente, au moment d'aller sur le terrain, pour les observations à l'extérieur. Nous apprécions tout type de soutien fourni par le projet afin de permettre la tenu de deux séminaires et l'organisation de plusieurs visites sur le terrain, mais il devrait être important que nous obtenions un fonds de soutien afin de commencer les exercices tôt au début de la prochaine année académique, et d'avoir la possibilité de tenir un séminaire, après chaque année scolaire, afin de pouvoir faire une évaluation interne à l'attention du Département, parce que nous avons l'ambition d'étendre cette expérience à d'autres écoles de la Gambie.

Enfin, il y a une question importante et inquiétante sur laquelle nous devons travailler. Il s'agit du problème de l'électricité. A part l'école primaire élémentaire Serrekunda, aucune des écoles impliquées dans le projet dispose d'un approvisionnement en électricité. L'école primaire élémentaire de Gunjur possède un panneau solaire qui est tombé en panne mais qui peut être réparé rapidement. Donc, dans la mesure où la Gambie seule est concernée, peut-être les enseignants et les élèves se débrouilleront pour gérer ce manque d'électricité. Mais, si le projet a pour objectif de développer la collaboration et la synergie avec les écoles gambiennes, et d'offrir un meilleur accès à d'autres ressources sur le web, il sera important de réfléchir ensemble à comment fournir des panneaux solaires pour les écoles, même si c'est juste dans le but d'offrir une bonne communication par internet entre les écoles et le projet basé en Europe, au siège de la FAO. Dans mon esprit, nous devons faire des efforts dans ce sens. Je suis convaincu que nous devons travailler sur une stratégie visant à équiper ces écoles avec des panneaux solaires, au moins pour le fonctionnement d'un ordinateur dans chacune des écoles participantes. Pourquoi ne pas essayer de mobiliser les organismes de financement à Banjul avec l'aide du Projet AEP Nansen-Mundus maris?

MM: Monsieur Jallow, merci d'avoir partagé avec nous cette évaluation.