Le Covid a eu raison des anniversaires - 30 ans de FishBase et 15 ans de SeaLifeBase - avec des célébrations initialement prévues en 2020. Mais cette année, les Symposium FishBase et SeaLifeBase pourraient enfin avoir lieu à Paris du 6 au 7 septembre et c'était d'autant plus diversifié et informatif. Grâce à l'équipe de Patrice Pruvost du Muséum National de l'Histoire Naturelle et renforcée par Fabrice Teletchea de l'Université de Loraine et Valérie Gaudant de Cybium elle a été magnifiquement organisée dans l'Auditorium de la Grande Galerie de l'Evolution du Muséum.

Daniel Pauly, un des 'pères-fondateur' de FishBase introduisit les présentations scientifiques. C’est ainsi qu’il souligna combien il est important d’expliquer les mécanismes physiologiques conduisant à la maturation des poissons. Il émit l’hypothèse d’une reproduction déclenchée suite à une baisse de l’apport en oxygène.

Comment? Les organismes pourvus de branchies comme les poissons dépensent beaucoup d’énergie pour extraire l’oxygène dissous de l’eau et expirer le gaz carbonique.

La surface des branchies se développe selon une puissance 2 tandis que le corps du poisson grossit en volume selon une puissance 3.

L’hypothèse serait qu’il y ait déclenchement lorsque les branchies ne peuvent plus suivre le rythme de l'augmentation du corps.

Ce n’est pas ce que les étudiants lisent dans les livres de physiologie et constitue donc une invitation à vérifier cette hypothèse. Du travail expérimental en perspective!

 

L’exposé de Rainer Froese montra comment les distributions de probabilité enregristrées dans FishBase pouvaient être utilisées pour modéliser et estimer les stocks de poissons quand les données sont partielles. Cela concerne la majorité des resources et pas seulement dans les pays en voie de développement. Ces distributions de probabilité englobent toute la connaissance et sont judicieusement utilisées en inference statistique Baesienne où un grand nombre d’itérations pratiquées sur un modèle mathématique théorique permet d’établir la courbe de croissance et de reproduction probable en accord avec les données.

La FishBase est utilisée par de nombreux instituts de recherche. Ainsi, Jessica Meeuwig (University of Western Australia) montra comment la FishBase peut être utilisée pour identifier de manière non-destructive des espèces à partir d’images video sous-marines (BRUVS). Kélic Mahé (IFREMER, France) donna de nombreux exemples où la FishBase servit des études de biodiversité, voir de restitution.

Dans un exposé passionné, Celia Schunter (Hongkong) insista sur la fantastique opportunité que constitue l’analyse de la diversité génétique comme complément de la riche base de données observationelles déjà disponible dans la FishBase. Rahel Salathé (FairFish) quant à elle exposa comment la FishBase peut servir l’étude du bien-être des poissons.

Plusieurs exposés démontrèrent comment FishBase and SeaLifeBase peuvent bénéficier aux aquariums publiques non seulement pour dimensionner leurs bassins et la qualité mais également utiliser l’expertise présente dans les bases de données en adéquation avec leur vision de l’attente de la plupart des visiteurs.

Un autre moyen d’atteindre le grand public fut présenté par l’équipe Fishipedia, utilisant leur expertise en Méditerranée pour susciter un comportement plus responsable envers l’océan et le monde sous-marin.

Cornelia E. Nauen de Mundus maris fit une courte présentation de l’Académie de la pêche artisanale (Small-Scale Fisheries Academy) et de sa dernière série d'indicateurs mis à la disposition des pêcheurs, poissonniers, des femmes impliquées dans la transformation du poisson mais aussi des écoles et du consommateur ordinaire.

L’application (App pour gsm android) comprend un nombre limité d’informations afin de ne pas noyer l’utilisateur par trop de détails. L’utilisateur peut, sur base du pays et du nom usité (vernaculaire) du poisson qu’ils ont devant eux, en obtenir une image et ainsi confirmer l’espèce ainsi que ses propriétés dont la taille.

Contrairement au nom scientifique, les noms communs ne sont pas uniques et un nom usité peut être utilisé pour plus d’une espèce, y compris des espèces intensivement pêchées. C’est la raison pour laquelle les images sont d’un grand secours pour vérifier l’information.

L’App informe sur la taille à la première maturité, correspondant à celle à laquelle la moitié de la population a atteint le stade de reproduction.

Sont aussi indiqués les tailles optimales et maximales. L’information sur la taille optimale intéresse particulièrement les pêcheurs car les plus belles prises dans la durabilité sont obtenues en adaptant les engins de pêche à cette taille précise.

L’App fournit également une information graphique de la vulnérabilité de l’espèce à la surpêche telle qu’estimée dans FishBase et indique la période de reproduction, période pendant laquelle il faudrait laisser le poisson vivre sa vie.

L’App est disponible en accès libre sur Google Play Store sous le nom de FishBase Guide. Elle a été développée par Mundus maris en collaboration avec FairFish, Sea Around Us et Quantitative Aquatics. Cette dernière héberge FishBase. L'App est disponible gratuitement sous le nom de FishBase Guide dans le Google Play Store.

Elle est encore en période d’essais afin d’assurer sa robustesse et son bon fonctionnement sur différents mobiles cellulaires ainsi que sa large distribution dans le monde, particulièrement dans les pays en voie de développement où vivent la majorité des artisans-pêcheurs.

Chaque utilisateur est invité de faire un feedback de tout dysfonctionnement et de tout phénomène susceptible être inclu dans la base de données et ainsi améliorer le service rendu. Pour ceux qui le souhaitent il est possible d’en savoir plus sur les indicateurs listés en haut de l'écran de l’App en se connectant directement à FishBase - page de synthèse de l'espèce recherchée.

Les diapos de la présentation sont disponibles ici.

La première journée du symposium s’est clôturée par la visite, suivie d’une réception de l’Aquarium tropical récemment rénové et ré-ouvert à la Porte Dorée.

Dans une des salles nous purent admirer une fantastique vidéo de baleines à bosse plongeant et se déplaçant au rythme des visiteurs. Quelle émotion!

Le programme complet et le recueil des abstracts sont disponibles ici.

Ce fut un grand moment de rencontres non seulement pour les membres du Consortium de FishBase mais aussi pour beaucoup d’autres intervenants travaillant sur des fronts divers.

Ensemble ils concourent à rendre disponible la meilleure science possible au service d’un large éventail d’applications à partir d’une taxonomie très solide qui assure la connexion entre de multiples strates de savoirs et connaissance liés entre eux à travers un nom scientifique validé d'une espèce bien décrite. 

 

 Traduction française par Christiane van Beveren.