Index de l'article

Blue Doughnut - Restorer et protéger - pour un océan sain 

Qu'en est-il de l'océan qui couvre environ 70 % de la surface de la planète et qui est de loin le plus grand écosystème connecté ?

La session “Blue Doughnut occupa le centre du Jour 2 de la conférence, organisée par Seas at Risk” et modérée par le Député européen Dino Giarusso originaire de Sicile. La directrice exécutive de Seas at Risk”, Monica Verbeek, a introduit les débats, mettant l'océan en exergue pour son rôle fondamental dans l'air que nous respirons, le climat, la nourriture, les emplois, les loisirs et plus encore, l'invitant à la conversation. Il est nécessaire de mieux comprendre les limites biophysiques de l'océan en tant que limite extérieure du “Doughnut” et des dimensions humaines et sociales car sa limite intérieure en était encore à ses balbutiements.

La créatrice du concept original de «Doughnut» Kate Raworth de l'Université d'Oxford suggéra d'adapter et de modifier les fondamentaux selon les exigences requises pour tendre vers la restoration et la santé des océans. Elle suggéra également d'utiliser cinq critères d'engagement avec les entreprises maritimes:
(1) objectif - au service de la vie ?,
(2) réseaux - qualité des relations,
(3) gouvernance - qui a voix au chapitre et quels param
ètres sont utilisés pour mesurer le succè?
(4) propri
été - famille, actionnaires, employés, coopérative ?
(5) finances - quel est le rendement attendu au service de l'objectif
 ?

Le directeur exécutif de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), Hans Bruynickx, rappela aux participants, d'une manière douce mais ferme, qu'isoler l'océan de l'action vers les transitions était incompatible avec les réalités observées. Tout qui n'envisageait pas une gestion éco-systémique était inacceptable. Il a vivement critiqué l'opposition à la protection immédiate des océans et a plaidé pour:

- l’arrêt des forages dans l’océan
- l’arrêt des rejets de déchets dans l’océan
- l’arrêt de l’épuisement des resources océaniques renouvelables
- l’arrêt de développement en cas d’impact négatif sur un océan déjà fragilisé
- l’arrêt de la division et de la destruction des biens communs mondiaux.

Ingrid Kelling, Directrice du Global Centre for Social Sustainability in Seafood Supply à l'Université Heriot Watt d'Edimbourg, amplifia le propos et fit un plaidoyer solide en faveur des pêcheurs artisanaux, hommes et femmes, qui représentent 95% de la main-d'œuvre du secteur. me au-delà des abus associés à la pêche illégale, non réglementée et non enregistrée (INN), les pêcheurs et les travailleurs de la pêche sont les victimes de la surpêche et des normes inadéquates de travail dans de nombreux endroits. De plus, d'énormes quantités de cette ressource précieuse ont été gaspillées au lieu d'utiliser systématiquement le poisson entier.

Nous ne doutons pas et soulignons l'importance cruciale des poissons, en particulier des bancs de petits poissons pélagiques , tels que les sardines, les anchois, le maquereau et le chinchard pour une alimentation équilibrée dans les pays du Sud. Une étude sur le sujet a récemment fait des vagues (1).

 

Ce n'est peut-être pas encore de notoriété publique, malgré les efforts récents pour faire la lumière sur la pêche artisanale (2), mais l'éléphant dans la salle est le transport maritime. Christiaan de Beukelaer, chercheur chevronné à l'Université de Melbourne pointe l'industrie comme le septième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, à égalité avec lAllemagne. Contrairement à l'image «serviteur du commerce» qu’a généralement l'industrie du transport maritime, ses recherches l'ont convaincu que celui-ci entretient les inégalités mondiales. Pourquoi? Parce que le transport maritime est beaucoup trop bon marché et que le mantra «serviteur du commerce» n’est pas mentionné dans le protocole de Kyoto et autres accords mondiaux sur le climat et la durabilité au cours des 30 dernières années. Pourtant, cette activité émet jusqu'à 1 milliard de tonnes de CO2 par an. En comparaison, le milliard d'habitants de l'Afrique représente 1,5 milliard de tonnes par an.

Il a fallu beaucoup de pression pour que l'Organisation maritime internationale (OMI) à Londres accepte de viser le «zéro émission» d'ici 2050. Cela semble pourtant trop peu, et trop tard. Quelles pourraient être les possibilités de réduction? Premièrement les moyens d’atteindre la neutralité climatique visés par l’IMO ne concernent que la technologie du COMMENT. Mais il serait utile de regarder ce (QUOI) qui est transporté, COMBIEN et OU. Alors que certains disent qu'il faut laisser le marché décider d'un volume de transport annuel d'environ 11 milliards de tonnes, il semble bien que le transport maritime soit le «facilitateur» du commerce, et non son «serviteur».

Si tel est le cas, le transport maritime pourrait-il devenir un co-régulateur du commerce? Certaines choses au moins sont appelées à changer. Lors de la prochaine réunion de l'OMI de juillet 2023, on s'attend à ce que les discussions abordent l'inévitable augmentation des coûts. Bien que cela n'ait probablement que des effets mineurs pour l'Europe, cela pourrait signifier de plus grandes difficultés dans les pays du Sud. Dans ce contexte, certains pays du Pacifique exigent un prélèvement global sur les transports maritimes de 100 USD par tonne de marchandises transportées. Cela se traduirait par un fonds mondial d'environ 100 milliards de dollars par an à utiliser pour des transitions équitables vers des économies durables et à l'indemnisation des pertes et dommages.

Cela suffira-t-il à avoir un effet de régulation à la baisse ? Ce n'est peut-être pas suffisant pour une industrie de cette taille et de cette puissance, mais ce serait un pas dans la bonne direction. 

(1) Hicks, C.C., Cohen, P.J., Graham, N.A.J. et al. 2019. Harnessing global fisheries to tackle micronutrient deficiencies. Nature574pages 95–98 (2019https://www.nature.com/articles/s41586-019-1592-6 

(2) ​FAO, Duke University, WorldFish, 2023. Illuminating Hidden Harvests.The contributions of small-scale fisheries to sustainable development. Rome, ​FAO https://doi.org/10.4060/cc4576en