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Autres faits saillants de la Conférence générale de l'EADI à Bonn

Cette année, nous célébrons le 40e anniversaire de l'Association Européenne des Instituts de Formation et de Recherche en Développement (EADI). A la tête de l’association sont Isa Baud, présidente, et Susanne von Itter, secrétaire exécutive, à Bonn.

Le public présent aux nombreuses séances plénières a été en grande partie constitué par des économistes très attachés à des modèles de croissance plus classiques. Mais la diversité des personnes présentes à la conférence a ouvert d’autres perspectives. Certaines tables rondes et sessions de travail ont offert des espaces de discussion sur des défis et des contributions réflexives particulièrement intéressantes pour réfléchir sur la façon de réduire les inégalités à l’intérieur et entre les pays, et où trouver ou construir des alliances politiques et sociales du changement pour un monde meilleur.

Dans ce contexte, la table ronde intitulée «S'attaquer aux inégalités par un ‘développement responsable’» animée par Dirk Messner, directeur de l'Institut allemand de développement (DIE) a peut-être été le thème le plus vivement débattu. Les panélistes ont couvert un éventail relativement large de recherche et de pratique qui a déclenché l'engagement vif de la salle presque remplie. Branko Milanovic de la City University de New York a partagé quelques perspectives inhabituelles sur la répartition des revenus à échelle mondiale. Peter Knorringa de l'Institut international d'études sociales aux Pays-Bas, a résumé une récente recherche empirique selon laquelle l’apparition de nouvelles classes moyennes en Chine, en Inde et au Brésil ne semblait pas trop influer sur la négociation d'un nouveau « contrat social » pour réduire les inégalités, et a également signalé qu’il y a avait très peu de connaissance disponible sur ces groupes hétérogènes.

Joyeeta Gupta, professeur en Environnement et Développement dans les Pays du Sud à l'Université d'Amsterdam, a tenu un discours passionnant sur l’utilisation des traités et les processus mondiaux existants afin d’inciter les hommes à être en phase avec les capacités de régénération de la planète et de réduire les inégalités dans le processus. Elle n'avait pas de conseil pour la nouvelle classe moyenne chinoise, mais a suggéré que les classes moyennes en Europe et aux États-Unis deviennent végétariennes pour réduire les pressions sur les ressources naturelles destinées à l’alimentation.

Pierre Jacquet, Président de du Réseau Mondial de Développement basé en Inde affirme ne pas ressentir une certaine sensibilisation de la part des élites indiennes et de la classe moyenne sur la question des responsabilités mondiales. Toutefois, il a mis en garde contre des prises de positions trop traditionnelles sans égalité d’engagement entre les nombreux groupes d’acteurs à travers le monde. Il était sceptique quant à une quelconque fixation d’objectifs, par exemple sur l’agenda post-2015 de l’ONU sans qu’un processus pour y arriver ne soit défini.

Louka Katseli, de l'Université d'Athènes et ancienne ministre grec de l'Economie, de la Navigation et de la Compétitivité, n’a pas vu de grande différence entre les pays industrialisés et les pays en développement du point de vue des inégalités. Elle a suggéré qu’une plus grande attention soit accordée à qui défini les règles, par exemple pour les normes sociales. Elle a également abordé le fait que la possession de capital et des propriétés actifs détenues par un petit nombre d’individus et de familles sont devenues plus importantes pour les disparités dans une société que les revenus du travail, hormis peut-être pour les managers financiers et industriels.

L’inquiétude sur la montée du nationalisme politique dans les pays industrialisés liée au fait que les classes moyennes inférieures stagnent ou ont peur de perdre leur statut social a été vivement ressentie au cours du débat à travers lequel des suggestions ont été faites. Le débat a mis en évidence les importantes disparités entre les objectifs de lutte pour une plus grande égalité et ce que les chercheurs ont empiriquement observé. Cet écart nécessite certainement beaucoup plus de recherches et d’actions. Curieusement, le développement durable sous ses différentes formes, en tant que passerelle vers « le développement responsable» n’aura joué qu’un rôle mineur dans les discussions. Avons-nous besoin d’aller au-delà des enseignements des écoles de pensée économique pour obtenir des idées nouvelles et robustes?

En regardant sur les 40 années de travail de l'EADI, un autre comité a vivement débattu sur la façon dont le programme de recherche doit évoluer pour rester pertinent dans un contexte local et mondial en pleine évolution. Sur place, de nouveaux groupes de travail se sont formés et commencent déjà à tenter de relever quelques défis.

Pour plus d’informations sur la 14e Conférence générale de l'EADI, consultez le site spécifique dédié à la conférence.