Index de l'article

L’éducation au développement durable pour favoriser le développement en Afrique de l'Ouest

Notre point de départ est l'océan. Il nous donne l'air pour chaque deuxième souffle que nous prenons. Il absorbe une grande partie du CO2 libéré dans l’atmosphère par les activités humaines et donc, a jusque-là contribué à stabiliser notre climat. Il nous fournit de la nourriture, des loisirs et bien plus encore.

Mais comme nous le savons, l'océan est menacé comme le reste de notre planète. Les trois principales menaces sont la surpêche, le changement climatique et la pollution.

La surpêche a de nombreuses conséquences. La plus dangereuse est la tendance à éradiquer tous les grandes espèces animales de l'océan; ce qui implique de profonds changements dans la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins. Nous tuons systématiquement plus d'animaux que les écosystèmes marins peuvent en générer en une année. C'est comme récupérer un capital déposé en banque, au lieu de le laisser fructifier et vivre des intérêts. Inutile d'insister sur le fait que ce qui n’est pas une stratégie durable.

Le changement climatique se traduit par un réchauffement au-delà de ce que peuvent supporter les espèces marines, tropicales en particulier, et a déjà conduit à une mortalité massive des coraux : c’est le cas par exemple dans la mer d'Andaman en Asie. Avec le réchauffement de l'océan la teneur en oxygène se réduit, une raison de plus pour que les poissons et d'autres animaux à branchies migrent vers les pôles pour ne pas étouffer. Dernière chose, et pas des moindres, est l'acidification de la mer qui menace les plantes marines et tous les animaux à squelette de calcaire. Ainsi, nous observons l’amincissement des coquilles externes des mollusques. Les algues planctoniques à coquilles de calcaires ou de silice ont également du mal à garder leur corps entier.

Cela ne constitue-t-il pas un double problème? Effectivement ! Si nous ajoutons à cela la pollution, nous verrons pourquoi nous avons vraiment besoin d’agir, que nous vivions sur la côte maritime ou pas. La pollution se présente sous plusieurs formes. La surfertilisation et les déchets marins en sont actuellement les plus grands facteurs. La surfertilisation (ou eutrophisation en termes techniques) des zones côtières, liée d’une part au ruissellement des eaux issues des terres agricoles, et d’autre part aux déchets municipaux et industriels, fait augmenter le nombre et l'extension des zones mortes dans les océans - plus de 220 zones à risque ont été récemment recensés. Les déchets marins sont aussi devenus un problème d’ordre mondial.

Dans ce contexte, Mundus maris a cherché, au cours des dernières années, à rendre la science accessible aux non-spécialistes et en s’intéressant notamment à l’art à travers un large spectre culturel. Sensibiliser le public, contribuer à l'éducation et soutenir les enseignants et les écoles ont été ses principales activités. S’appuyer aussi sur des valeurs locales afin de se rapprocher des populations fait partie des principes sous-jacents.

Le thème «L’éducation au développement durable pour favoriser le développement en Afrique de l'Ouest » a été présenté à l'une des sessions du Groupe de travail de l'EADI "L’éducation globale rencontre le développement", par une équipe de Mundus maris composée de Margareth Hammer, Cornelia E Nauen et Aliou Sall. En voici le sommaire:

«Selon l'UNESCO, les principaux indicateurs du droit à l'éducation sont plus faibles en Afrique subsaharienne que dans les autres régions du monde. Le ratio nombre d’enseignants/nombre d’élèves (autrement dit le taux d’encadrement) est faible dans plusieurs pays et le taux moyen d'abandon (des études) avoisine les 40%. L'éducation commence à la maison. Pourtant l'école en Afrique subsaharienne reste le centre d'attention pour les élèves et leurs familles et souvent, la (seule) preuve de l’implication de l'État. Depuis des générations, et particulièrement en Afrique de l'Ouest, l'expression « le professeur a dit » a une grande importance. L’enseignant reste une référence dans différents sujets de conversation et il éveille la curiosité des communautés locales. Renforcer l'éducation au développement durable dans ce contexte pose des défis particuliers. La notion d’éducation au développement durable, telle qu’elle est comprise ici, englobe l’éducation de façon générale, enrichie par une attention particulière à la sensibilisation pour la protection de l'environnement, l’entretien de la solidarité locale et internationale y compris le respect pour la culture locale. De par nos expériences dans des projets de développement, nous constatons que l’implication des enseignants, en tant que porteurs de messages et acteurs du changement, est plus ressentie sur les questions d'assainissement et de genre (sexe). Les aspects environnementaux se focalisent sur l'utilisation durable des ressources renouvelables et l'apprentissage trans-générationnelle et continu. Ces derniers induisant ou visant à induire des changements de comportement.

Ici, nous présentons du travail effectué avec les partenaires locaux pour une plus grande prise de conscience du développement durable et le lien entre l'élaboration des programmes institutionnalisés en Afrique de l'Ouest et l’accompagnement local de l’apprentissage / enseignement dans les écoles partenaires. Le document nous fait oublier l’idée que nous faisons du développement comme étant une question «Nord-Sud». Il nous fait comprendre que le développement durable notamment s'applique à tous les pays et met l’accent sur plus de justice et, entre autres, sur le droit à l'éducation. Nous rappelons la similitude des principes sous-jacents aux activités éducatives et de développement pour les différentes tranches d'âge, mais aussi la nécessité d'une adaptation nuancée et spécifique pour atteindre l’engagement critique. L’exposé se termine par des propositions de recherche-actions pour les prochaines étapes à la lumière de nouvelles priorités dans le domaine de l’éducation, adoptées lors du Forum Régional Côtier et Marin qui s’est tenu récemment en Afrique de l'Ouest.»

Parmi les études de cas présentés pour illustrer comment la théorie et la pratique, combinées, peuvent être bénéfiques, il y en avait un basé sur le développement et un autre axé sur le soutien à l'éducation au développement durable. Le projet de développement était l'introduction de fours améliorés Fante, dans le projet FAO-Shenge en Sierra Leone dans les années 1980, après que les femmes transformatrices de poisson avaient testé différents concepts et choisi celui qui correspondait le mieux à leurs besoins socio-économiques et techniques. L'exemple donné pour l'éducation a résumé les plus récentes collaborations dans les activités pilotes du projet FAO - EAF Nansen, pour introduire l'approche écosystémique des pêches et le suivi assuré par Mundus maris par la suite. Un atelier, tenu au Sénégal l'année dernière, illustre l’ampleur qu’a pris l'apprentissage collectif, en soulignant également les attentes pour d'autres activités.

Le thème a été bien accueilli et a déclenché de nombreuses discussions, non seulement avec les participants à la session du groupe de travail, mais aussi tout au long de la conférence. Cliquez ici pour voir le ppt. Le document complet est ici.

Les animateurs des quatre séances du Groupe de travail, sous la supervision de Matt Baillie Smith, directeur du Centre pour le développement international de Northumbria, Royaume-Uni, et d’Amy Skinner de CONCORD en Belgique, avaient habilement conçu le programme pour faciliter l'apprentissage mutuel.

D’autres contributions très intéressantes de cette première session portaient sur :

  • «La coopération décentralisée » entre les municipalités et d'autres acteurs locaux en Italie, dans les Balkans et au Mozambique présentés par Sara Franch du Centre de formation pour la coopération internationale à Trento en Italie;
  • «L’apprentissage professionnel global des communautés» présenté par Cathryn MacCallum et Insiya Salam, respectivement de Sazani Associates au Royaume-Uni et du Zanzibar. Et
  • «La classe moyenne supérieure, la mobilité, la citoyenneté mondiale et le développement : Etude de cas des transmigrants à Bruxelles». Etude basée sur les résultats des recherches de doctorat de Cécile Giraud de l'Université catholique de Louvain, Belgique.

Seule une session à la conférence avait un thème explicitement lié à la pêche. Elle a porté sur la comparaison entre les différents conflits liés à la pêche entre l'Afrique du Sud et l'Inde du Sud.

L’intégration du développement durable dans le quotidien des populations, les efforts à faire pour renforcer la citoyenneté, les institutions pouvant intervenir dans le cadre de la reconstitution des ressources naturelles et la cohabitation harmonieuse de l’homme avec la nature sont autant de thèmes qui n’ont été que brièvement abordés au cours des échanges.

La dernière session du groupe de travail «L’éducation pour favoriser le développement » a exploré les défis qu’étaient d’une part d'essayer de développer une société civile mondiale et d’autre part de cerner comment les relations entre les anciennes et les nouvelles ONG évoluaient. La solidarité internationale était un des mots d’ordre, mais aussi la prise de conscience que la citoyenneté locale et l’engagement de vivre davantage de manière durable, étaient des conditions préalables pour une coopération internationale équitable.