Aliou Sall avec une partie de l'équipe de PARASE, Khady Sarr, la Secrétaire générale (2ème de gauche)L’initiative des femmes du Gie PARASE de Hann pêcheurs - faire entendre les doléances.

Le 1er Mai 2018, les femmes membres du Groupement d'Intérêt Economique PARASE de Hann ont tenu à célébrer cet évènement à même le quai de Hann où se situe leur quartier général. Mundus maris y était invité et représenté par son vice-président et coordonnateur du Club Mundus maris Sénégal, Mr Aliou Sall. Ce dernier en était un des parrains et a été sollicité pour animer un panel.

Cette initiative témoigne de la volonté du GIE devenant progressivement un mouvement social à aller de l’avant y compris dans sa collaboration avec Mundus maris. C’est dans le cadre de votre volet « femmes face aux nouveaux enjeux en particulier celui de la globalisation » que nous partagions ces moments forts.

Cet évènement a regroupé plus de cinq cents (500) femmes, toutes des membres du réseau. Des autorités ont pris part et il mérite d’être connu pour plusieurs raisons dont:

Premièrement, en dépit de sa grande importance au niveau socioéconomique et culturel, sans parler de son rôle primordial dans la sécurité alimentaire, la pêche artisanale n’est toujours pas considérée à sa juste valeur et de manière effective par les Pouvoirs publics. Les politiques publiques continuent à favoriser une pêche industrielle dont les impacts négatifs sont cependant connus de tous.

En deuxième lieu, comme il s’agit d’un secteur informel, en dépit des efforts consentis depuis des années par ces communautés toujours marginalisées pour se faire entendre – cas du CNPS – le syndicalisme peine à trouver sa vraie place dans un tel secteur encore caractérisé par sa dimension de cueillette.

Enfin, et comme conséquence directe, malgré la tradition d’un syndicalisme enracinée dans le monde des travailleurs sénégalais, jusqu’à nos jours, les grandes formations syndicales sénégalaises - ouvriers, travailleurs du secteur alimentaire, enseignants, etc. - n’ont pas encore pris conscience de l’importance à intégrer dans leur agenda les questions spécifiques à un secteur aussi vital que la pêche artisanale. En particulier les problèmes spécifiques à ces femmes méritent être abordés car sans elles cette pêche artisanale n’aurait pas survécu contre vents et marées. Ainsi c’est eu égard à ces considérations que la décision des femmes à être leur propre porte-voix et celle des autres acteurs – pêcheurs et tout autre métier annexe, connexe voire périphérique – revêt une importance capitale. Elle constitue une première parmi tant d’initiatives entreprises jusque-là au Sénégal pour défendre les intérêts des acteurs qui en dépendent.

Comme le montre l’agenda les messages que les femmes ont transmis en direction des autorités (le maire et des conseillers municipaux, la jeune parlementaire issue de la communauté et l’Etat) ont porté essentiellement sur:

D’abord, les difficiles conditions de vie et de travail des acteurs de la pêche artisanale et en particulier des femmes de la pêche artisanale dont une bonne partie sont reléguées de plus en plus à des responsabilités de second rôle, avec des problèmes de sécurité et des accidents de travail quotidiens;

Ensuite, l’impératif pour les autorités municipales et étatiques en charge du secteur de la pêche artisanale à faire des efforts pour mieux s’imprégner du rôle joué par certains acteurs qui, parce que tant marginalisés, ne jouissent toujours pas de la visibilité et de la reconnaissance qu’ils mériteraient de la part de ces mêmes décideurs. A cet effet, les micro-mareyeuses qui sont les principales femmes leaders de ce GIE ont principalement tenu à s’appesantir sur les difficiles conditions des acteurs les plus victimes de la marginalisation de la pêche artisanale comme notamment les écailleuses. Elles ont aussi dénoncé que des femmes vendeuses au détail souffrent de difficultés à accéder à des fonds de roulement quotidiennement. Les porteurs, qui assurent le déchargement des pirogues, rencontrent les mêmes problèmes.

Finalement, la fin de cette journée riche en doléances, mais aussi en couleurs, après de la prise de parole du maire de la commune de Hann, les femmes ont adressé un fort message aux autorités municipales et étatiques afin que ces dernières reconnaissent l'importance de la pêche artisanale pour le développement socioéconomique ainsi que les intérêts légitimes du secteur. Par conséquent les populations qui en dépendent économiquement et culturellement doivent mieux être pris en compte dans les politiques publiques et le plan de développement de la commune.

Pour marquer la contribution de Mundus maris à de cette manifestation exceptionnelle, en sus de la prestation Mr Sall comme expert, ce dernier a remis une enveloppe de 50 euros pour aider aux femmes de couvrir les frais substantiels. Il s’agit là d’un geste symbolique fait de manière ponctuelle étant donné que l’essentiel de notre soutien de ces femmes s’inscrira dans le temps surtout sous forme d’appui conseil et de mise en synergie avec d’autres acteurs au niveau international. Le but est de les aider à garantir la durabilité institutionnelle d’une telle entreprise qu’est le GIE PARASE et son attachement à la visibilité des femmes et l’amélioration de leurs conditions de travail et d’existence.

Textes et photos : Aliou SALL