Le quatrième atelier communautaire sur les parcs bleus de l’UE s’est tenu le 6 mars 2025 à Bruxelles dans le cadre de la troisième édition des Journées de l’océan de l’UE ayant pour mission de « Restaurer notre océan et nos rivières d’ici 2030 ». Les intervenants ont examiné la transition vers une protection stricte de 10 % dans le cadre du mandat visant à protéger 30 % des eaux d’ici à 2030, en mettant l’accent sur les avantages avérés pour la biodiversité et les écosystèmes, les pêcheries et les populations côtières. L’atelier avait pour but d’offrir des perspectives concrètes sur la manière dont une protection stricte peut renforcer la conservation tout en assurant le bien-être et des moyens de subsistance durables.

Ainsi que l’a souligné Mark Costello dans son analyse des données d’observation publiées, la protection stricte s’est avérée très efficace pour restaurer les écosystèmes marins, entraînant des augmentations significatives de la biomasse des espèces et de la résilience écologique globale.

Les gestionnaires de zones nominalement protégées, par exemple en Italie, ont indiqué que l’application de la législation restait difficile et ne pouvait pas toujours être garantie. Ainsi, malgré les preuves irréfutables de ses avantages, l’UE est loin d’avoir atteint son objectif de 10 % de protection stricte.

Actuellement, seulement 0,03 % des mers de l’UE sont strictement protégées, et les réticences politiques, les problèmes de gouvernance et les préoccupations des parties prenantes continuent de ralentir les progrès.

Le concept de protection stricte est désormais mieux compris dans tous les pays, mais lorsqu’il s’agit de sa mise en œuvre, des doutes et des excuses subsistent. Au cours de la réunion, il est également devenu évident que sans une volonté politique plus forte et une adhésion plus large des parties prenantes, l’extension de la protection stricte restera difficile à réaliser. Les preuves scientifiques ne suffisent pas à elles seules pour susciter l’action. À moins que les avantages socio-économiques ne profitent à ceux qui font les plus grands « sacrifices » pendant la période de transition, lorsqu’ils doivent modifier leur modèle d’entreprise ou au moins certaines pratiques, ils ne les feront pas. En outre, un engagement soutenu avec les secteurs concernés et des demandes explicites de la part d’un public plus large sont essentiels.

Les Açores sont un exemple remarquable de la manière dont l’ambition politique, l’inclusion des parties prenantes et l’investissement financier peuvent étendre la protection marine. En faisant augmenter son réseau d’AMP de 15 % à 30 %, la région abrite désormais le plus grand réseau d’aires marines protégées d’Europe. Cette expansion s’est accompagnée d’un plan de restructuration de la pêche, soutenu par un fonds de 10 millions d’euros sur cinq ans pour atténuer les impacts socio-économiques.

L’engagement des parties prenantes et des citoyens au sens large a été présenté comme un facteur-clé de succès par la plupart des intervenants, mais la manière de le mettre en pratique dans toutes les mers européennes n’est pas aussi simple que l’adoption du principe. La mise en oeuvre nécessite un processus de confiance durable, comme l’a souligné Sylvain Blouet, responsable de l’aire marine protégée (AMP) Côte Aganthoise, en France. Toutes les AMP ne disposent pas des ressources humaines et financières ni de l’état d’esprit nécessaire pour mettre en place des processus patients et inclusifs fondés sur le dialogue afin d’obtenir des résultats tangibles. Atteindre l’objectif de 10 % de zones strictement protégées dans 30 % d’AMP, peut-être un peu moins protégées, reste un objectif difficile à atteindre, qui nécessite des progrès considérables en matière de mise en œuvre, surtout si l’on considère que les 70 % restants de la mer devraient être également gérés de manière responsable pour obtenir un bon état écologique. Il ne suffit pas de déplacer toutes les activités actuellement non durables en dehors des AMP. Des transformations plus importantes sont nécessaires pour que la société et la nature puissent en tirer tous les bénéfices.

Le rapport de synthèse de l’atelier est disponible ici. Vous pouvez en savoir plus sur la communauté des parcs bleus et y adhérer ici.

Traduction française de Christiane van Beveren.