
Mots de bienvenue prononcés par le député européen Paulo do Nascimento Cabral
La semaine européenne de l'Océan organisée cette année par les principales ONGs environnementales en collaboration avec les membres du Parlement européen a également abordé le défi de la réduction des prises accessoires lors de la session matinale du jeudi 16 octobre 2025. Comment améliorer la vie dans l'océan afin de minimiser les dommages causés lors de l'exploitation des ressources marines ?
Chaque année, d'innombrables marsouins communs, dauphins, oiseaux marins, tortues marines et autres espèces marines protégées sont capturés et tués accidentellement par les équipements de pêche, une tragédie évitable connue sous le nom de prises accessoires. A titre d'exemple, la pêche de crevettes au chalut de fond peut entraîner la capture involontaire de 60 à 80 % des juvéniles et des invertébrés, qui sont ensuite généralement rejetés à la mer, morts ou mourants. Il s'agit là d'un gaspillage et d'une perte considérables. Certaines pêches au thon à la palangre ciblent également les espèces menacées requins bleus et makos, en raison de leur prix élevé sur le marché, quand ces prises sont déclarées comme accessoires « malheureuses ».
Malgré des années de sensibilisation et de preuves de plus en plus nombreuses de la pression exercée sur les espèces de mégafaune nominalement protégées et d'autres espèces, les mesures existantes n'ont pas permis d'apporter des changements significatifs et durables.
Mundus maris a participé à cet événement parrainé par le député européen Paulo do Nascimento Cabral et organisé par Seas At Risk, Birdlife et EIA-International, afin de rencontrer des spécialistes et de déterminer les priorités à établir dans le cadre des efforts de sensibilisation à l'océan. Nous n'avons pas été déçus, car les intervenants compétents ont fourni des informations précieuses sur les principaux écueils actuels, mais ont également présenté des politiques relevantes visant à réduire le massacre.

Sarah Dolman, IEA-International
Au cours des dernières décennies, les populations d'oiseaux marins ont diminué pour ne représenter aujourd'hui qu'un faible pourcentage de leur taille initiale, sous l'effet combiné de la surpêche de leurs proies dans les eaux de surface, de la destruction de leurs nids, des prises accessoires par la pêche, de la pollution plastique, du changement climatique, etc.
Sarah Dolman (IEA-International) et Daniel Mitchell (Birdlife), ont présenté des mesures bien documentées concernant les points critiques actuels et les actions à mener pour réduire au minimum les problèmes liés aux prises accessoires dans l'UE.
La plupart des États membres de l'UE ne disposent pas de programmes systématiques de surveillance des prises accessoires. Dans la mesure où les données relatives à l'effort de pêche ne sont pas disponibles pour toutes les pêcheries, on craint que l'ampleur réelle du problème ne soit pas pleinement appréciée.
Travailler avec les pêcheurs et les impliquer dans la cogestion et la formation sera un élément important pour mieux comprendre, manipuler et relâcher en toute sécurité les oiseaux capturés, et ralentir, voire stopper, le déclin de la population aviaire.

Courtoisie Birdlife & Seas At Risk
L'ampleur des menaces qui pèsent sur de nombreux oiseaux marins peut être estimée à partir des vulnérabilités déduites de la cartographie de la répartition des pêcheries à la palangre et au filet maillant à travers l'Europe. les oiseaux ont appris que la proximité des navires de pêche peut augmenter leurs chances d'attraper de la nourriture, devenue rare en raison des captures massives de petites espèces pélagiques de surface, qui sont la proie à la fois des grands poissons marins, des mammifères et des oiseaux marins.
Adapter les pratiques de pêche, par exemple en évitant de poser les engins de pêche à proximité des rassemblements d'oiseaux, en posant les engins autant que possible la nuit lorsque les oiseaux sont moins actifs, en évitant de jeter les rejets ou les déchets par-dessus bord lors de la pose ou de la remontée des engins, en évitant d'utiliser de petits poissons pélagiques comme appâts, en relâchant les oiseaux marins encore vivants.
Une méthode peu coûteuse et facile à utiliser pour éloigner les oiseaux marins des bateaux lors du déploiement ou de la remontée des engins de pêche consiste à déployer un cerf-volant effaroucheur tel que testé avec succès par des pêcheurs portugais (scary-bird kite tested successfully with gillnet fishers in Portugal), et qui est similaire à ceux parfois utilisés avec succès dans les champs.

Cormorants, Photo by Jürgen on Pixabay
Mundus maris estime que la crise dans la Baltique illustre le chevauchement des problèmes : en 2011 déjà, un rapport a montré que les captures réelles étaient en moyenne 30 % plus élevées que celles officiellement enregistrées. La publication a suscité un tollé de la part du lobby de la pêche contre les auteurs, mais aucune mesure plus stricte n'a été prise contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée et les rejets importants de prises accessoires.
La concurrence entre les pêcheurs et les animaux qui se nourrissent de poissons, tels que les marsouins communs, les phoques et les oiseaux marins, est une lutte permanente. Il est compréhensible que les pêcheurs soient contrariés lorsque leurs filets sont déchirés ou que les poissons qu'ils ont capturés s'échappent. Mais on ne peut pas accepter que les humains revendiquent presque tout pour eux-mêmes, allant jusqu'à s'en prendre aux cormorans parce qu'ils mangent « nos » poissons. Sans un écosystème fonctionnel et productif, il n'y a pas non plus de poissons ni de pêcheries. Nous avons rendu compte de la réunion d'urgence de 2024 convoquée par la plateforme LIFE des pêcheurs à faible impact d'Europe. Les pêcheurs côtiers danois ont signalé à cette occasion des prises stables et abondantes provenant de biomasse élevée de poissons adultes dans les zones où le chalutage était interdit.
La réponse à la situation déplorable de la Baltique doit donc passer par la régénération de ses écosystèmes presque moribonds. Pour cela, il faut mettre fin à la pression exercée par la pêche industrielle – en particulier la pêche destinée à la production de farine de poisson à partir de petits pélagiques et le chalutage de fond, particulièrement gourmand en énergie et générateur de prises accessoires – et réduire considérablement la pollution.
Les citoyens qui profitent de leurs vacances au bord de la mer, et en particulier ceux qui aiment leurs sandwichs ou leurs plats à base de hareng de la Baltique, se joignent aux demandes pour parler moins et agir plus – c'est URGENT. Que vous viviez près des côtes ou plus loin, des mers européennes saines et regorgeant de vie sont bénéfiques pour tous. Il est temps de rendre à l'océan et à nos mers ce qu'ils nous ont donné !

Photo de Pexel sur Pixabay

Bruno Nicostrate, Seas At Risk
Dans la dernière partie de l'événement, Bruno Nicostrate (Seas At Risk), l'un des coorganisateurs, a saisi l'occasion pour attirer l'attention sur le Guide sur les captures accessoires (Bycatch Guide) qui venait d'être publié. Les approches les plus efficaces pour réduire les prises accessoires sont les suivantes :
- une réduction globale de l'effort de pêche
- une combinaison de mesures d'atténuation adaptées au contexte local
- la formation aux pratiques de manipulation et de remise à l'eau appropriées afin de maximiser la survie des animaux capturés accidentellement et encore en vie.
- la mise en œuvre du règlement sur les mesures techniques de 2019 et la prise en compte des espèces sensibles dans l'évaluation
- le renforcement des mesures de protection des requins et des raies (Elasmobrachs) dans le cadre de la réglementation européenne
- l'octroi préférentiel des droits de pêche aux pêcheries à faible voir zéro prises accessoires
la surveillance renforcée des prises accessoires - le soutien des efforts visant à réduire les prises accessoires en tenant compte des aspects socio-économiques et en soumettant tout financement à certaines conditions.
Cette session a fourni suffisamment de matière à réflexion pour les semaines et les mois à venir. Le défi dépasse le cadre des professionnels et devrait concerner directement les consommateurs de produits de la mer. Tout comme les citoyens concernés exigent le bien-être des animaux terrestres, il est indispensable de faire beaucoup plus pour réduire la souffrance et la mort en mer dans le cadre des pratiques de pêche maritime et d'aquaculture.
Texte et photos de Cornelia E Nauen sauf indication contraire.